Petits moments musicaux dans la ville

Dimanche à Toulouse, le 16 décembre 2012, rue de la Colombette, quartier Saint-Aubin

Ce matin j’ai sacrifié au rituel du petit blanc en terrasse de café sous les platanes, près de la Cathédrale Saint-Aubin où j’ai rejoint le père et le fils I….

Puis, ayant bu le vin de messe, je suis montée à la cathédrale Saint-Aubin. J’entendais de la musique en entrant. Mais c’était l’heure de la fermeture et la musique s’est arrêtée.

Alors que je photographiais la chapelle de Sainte-Elisabeth et celle de Sainte-Germaine de Pibrac, j’ai rencontré un monsieur souriant à qui je demandai si l’église fermait. Il me dit :
– Oui, je viens de jouer de la flûte de Pan.
– Oh ! C’était vous qui jouiez ?
Oui, répondit-il et, heureux de partager ce moment unique, il m’a sorti deux flûtes, dont une que je reconnaissais car mes parents avaient rapporté de Roumanie dans les années 60 une flûte et un disque de Gheorghe Zamfir. Il m’a confirmé que c’était bien une flûte roumaine.


Et il m’a joué l’hiver de Vivaldi. Comme ça. Juste pour moi. Parce que le jour était clair, la lumière jouait à travers les vitraux, le lieu offrait son acoustique, le moment se privilégiait entre nous.
J’ai applaudi à la fin du thème. Encouragé, il a joué un morceau plus séculier, la musique du film Ghost m-a-t-il dit, que j’ignorais. Alors j’ai sorti mon mini appareil photo de ma poche pour conserver cet instant de partage, je lui ai demandé par signes si je pouvais le photographier, il a hoché la tête et j’ai pris quelques clichés en me reculant pour le replacer dans la travée gauche en face de la chapelle de Sainte-Germaine de Pibrac, dans l’amplitude du bâtiment construit par les compagnons d’autrefois.


L’église fermait. Je lui ai demandé son nom et si je pouvais parler de lui dans un blog. Il m’a remerciée pour mes encouragements. Il avait eu le temps de me dire qu’il avait joué à Carcassonne sur une rampe en hauteur. J’ai dit :
– Comme à la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse ?
– Oui, j’y ai joué aussi et c’était un de mes rêves !
Magnifique moment ! Magie du voyage qui permet ces rencontres hors du temps.


Dehors, déguisés en Pères Noël, un petit musicien noir et son papa jouaient sur des instruments africains. Une sonorité qui me rappelait les tambours du Bronx, mâtinée d’une douceur moyenâgeuse par l’instrument à cordes du papa. Les époques se bousculaient sous mes yeux sur la place. J’imaginais, en me faufilant à travers les gens, la place au fil des siècles, lors des fêtes populaires.

J’ai fait le tour de l’église érigée comme une forteresse défensive et je suis rentrée tranquillement vers la rue de la Colombette.


En rentrant j’ai publié sur Facebook un statut sur le moment priviégié de la flûte de Pan puis les photos de l’album Saint-Aubin dimanche matin.

https://www.facebook.com/gaellekermen
Bien sûr je reste une incurable ravie de la crêche, mais comment ne me sentirais-je pas honorée quand on me fait cadeau d’un moment si précieux, unique.
Dans mon ermitage breton, la musique est celle de la Radio Classica Toscana sur la tablette maintenant et dehors celle des oiseaux, de la buse qui me donne l’heure à midi solaire quand il fait chaud, du merle qui annonce le printemps, des étourneaux qui parfois s’installent le soir dans les grands frènes ou des goélands qui accompagnent les labours dans le champ voisin.
Alors ce joueur de flûte m’a donné envie de faire une place sur mon blog Hentadou sur les musiques rencontrées au cours de mes voyages, depuis que je peux, une ou deux fois dans l’année quitter mon ermitage et fureter dans quelques villes, le nez en l’air et le pied léger, toujours prête à dégainer mon appareil photo ou ma vidéo.
Je pense à la violoniste qui jouait le Concerto de Max Bruch sous les arcades du Louvre à la sortie de la Cour carrée en janvier 2010. J’avais filmé la cour mais n’avais pas osé filmer la jeune fille.

De Moments musicaux en ville

Je pense au joueur d’harmonium de la cathédrale de Nantes qui m’accompagnait chaque fois que je rendais visite au tombeau de François II et de Marguerite de Foix, les parents d’Anne de Bretagne, à la tombée de la nuit, comme l’avait fait Stendhal pendant son séjour nantais.

De Moments musicaux en ville

Je pensais à la répétition d’un morceau de Mozart d’une soprano et de l’organiste que j’avais surprise à la Dalbade l’an dernier avant Noël.

De Moments musicaux en ville

Ou encore ce matin, quand Rémy Albano me racontait son bonheur de venir jouer après la messe du dimanche à Saint-Aubin, je me souvenais de ces chanteurs arméniens surpris à la cathédrale La Mayor de Marseille, en bas du quartier du Panier, où nous séjournions en fin d’année 2009, ils donnaient un concert le soir dans l’église au bout du Vieux Port et ils n’avaient pas pu résister, en visitant la Mayor, au bonheur de lancer leur chant vers le ciel d’une chapelle rayonnante derrière le chœur.
Oui, la musique est langage universel.
Ce 16 décembre c’est l’anniversaire de Beethoven. Une amie facebook, Ingrid Belmann, violoncelliste de l’orchestre d’Indianapolis, Indiana, USA, vient de poster une vidéo où Léonard Bernstein parle de la musique de Ludwig si essentielle au monde. Beautiful Lenny, que j’eus le bonheur de voir diriger de son piano Paris à la fac de droit d’Assas en 1970, nous transmet le message simple de la musique de Bethoven tous les hommes peuvent être frères et libres, message que nous pouvons tous comprendre dans le monde entier.
http://www.youtube.com/watch?v=U14iJzdPtWI&feature=share
Ce matin à Saint-Aubin, j’y ai cru et j’en souris encore, portée par cette belle énergie.
Merci aux bâtisseurs de cathédrales. Merci aux musiciens qui lancent leur chant comme l’alouette dans le ciel d’été. Merci pour ces belles rencontres, magie des voyages, propulsion dans un autre espace-temps, immatériel et spirituel, fait de travail et discipline, valeurs humaines.
Merci à Remy Albano d’être devenu un ange musicien en ce temps de Noël 2012.

© gaelle kermen 2012

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