Comment j’ai découvert Ploemeur à vélo et continué l’entraînement

Ma commune est côtière et sa devise porte les mots de la terre et de la mer. Elle a trois ports et trois plages, de multiples criques sauvages, des huitres réputées, les plates de Belon, des mégalithes et des chapelles. Née ici, je suis partie vivre à Lorient, puis à Paris, dans le Val d’Oise, en Ariège et en Haute-Savoie. Enfin, je suis revenue et je m’y sens bien. Je vis sur le vieux pays de mes pères, ar vro goz ma zadou.
Pourtant, quand ma troisième fille a décidé de s’installer à Plœmeur en Morbihan, j’ai découvert une commune encore plus riche, plus dynamique, plus incroyable. J’ai passé trois semaines cet été 2016 à la découvrir à vélo et ces journées font partie de mes meilleurs moments

Je gardais un petit chat de six mois pendant les vacances des enfants. Du cat-sitting. Je gardais ainsi leur appartement et ils étaient tranquillisés de savoir que s’il y avait le moindre problème, j’interviendrais et les préviendrais. J’ai déjà fait du flat-sitting pour occuper un appartement pendant les vacances d’amies et c’est une bonne formule pour tout le monde. Moi ça me dépayse sans frais, et comme je ne suis pas chez moi, je n’ai pas de travaux d’entretien ou de réparation à faire, je passe tout mon temps à écrire et à me promener. Ce que je ne me permets pas souvent à la maison, où il y a toujours un truc à faire, du genre gros travaux d’Hercule. Ma grande chaumière est aussi plus difficile à entretenir qu’un appartement de trois pièces.

J’avais apporté mon vélo et j’ai découvert Plœmeur par ses pistes cyclables, ses chemins creux et ses sentiers côtiers. J’ai été éblouie.
Autrefois, j’ai un peu connu Plœmeur, quand j’étais petite fille et que nous habitions le port de pêche de Lorient dans les années 50. Nous venions nous baigner au Courégant, à Lomener. Nous nous promenions le dimanche dans les Kaolins. Plus tard, entre 1986 et 2009, je visitais souvent mon amie Nicole Courset à Larmor-plage, et si j’arrivais chez elle par la pénétrante de Lorient, pour rentrer je passais toujours par Plœmeur, je faisais le tour de l’église, venant de Larmor, pour partir vers Quimperlé. J’en connaissais les grands itinéraires, le magasin Point Vert où j’achetais des fournitures de jardin, ou le Parc de Kerihuer où je m’arrêtais parfois pour dégourdir ma petite chienne d’alors. Parfois, je rentrais par la route côtière du Fort-bloqué, pour rejoindre Guidel. Mais je ne connaissais pas bien les contours de Plœmeur, je crois même que je confondais ses limites avec celles de Lorient, Larmor et Guidel.

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Eglise de Ploemeur un soir de septembre 2016

Comme j’avais pris le vélo, je me suis documentée à l’Office de Tourisme pour avoir des cartes. Une de mes passions est la recherche des mégalithes. Découvrir des mégalithes à vélo, c’est idéal. La jeune femme m’a remis de nombreuses fiches sur les chapelles et les mégalithes et m’a recommandé les voies vertes, violettes, bleues, etc.

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Carte des mégalithes de Plœmeur avec les voies vertes

Lors d’un premier séjour, ma fille m’avait emmenée jusqu’à Lomener. J’avais pu le faire. Je pouvais continuer seule, en allant doucement d’abord, puis en augmentant le kilométrage et les efforts. J’avais fait une pneumonie l’hiver dernier, parce qu’opérée d’un œil l’été précédent, je n’avais pas osé prendre de risques, je n’avais pas fait de vélo, je n’étais pas allée nager. C’était une erreur, je n’avais pas accumulé la vitamine D et je m’étais fragilisée. J’étais sortie de cette épreuve pulmonaire hivernale sans souffle et sans muscle. Tout avait fondu. Je n’avais pas pu faire les tâches de bûcheronnage qui me sont habituelles au cours de l’hiver. J’avais perdu deux mois de travail d’écriture. Je ne voulais pas revivre un hiver pareil.

J’avais donc repris le vélo en fin de printemps, dès que je m’étais sentie plus forte, et j’allais nager régulièrement à Merrien à trois kilomètres de chez moi, ce qui me faisait un aller et retour de six kilomètres. Juste un petit entraînement. Mais déjà je reconstruisais ma musculature, retrouvais un peu de souffle et surtout reprenais confiance en moi.
Les enfants habitent au centre de Plœmeur, tout près de l’église. Si je voulais aller me baigner, je devais faire au moins huit kilomètres, Lomener, la plage la plus proche, dans l’anse du Stole, est à environ quatre kilomètres. Je l’avais fait une fois, je pouvais le refaire.

Mi-août, j’avais reçu mon nouvel iPad et un iPhone et j’avais l’intention de rédiger un guide d’utilisation pour les auteurs francophones de l’application Scrivener pour iOS. J’avais testé l’application nomade à Merrien, au cours de mes balades pour me baigner. C’était une bonne façon de me libérer l’esprit que de pouvoir écrire au bord de la mer, comme autrefois je notais mes idées dans mon journal, assise sur le sable ou dans les rochers. Circuler, bouger, permet de faire décanter les idées. J’ai souvent trouvé des solutions informatiques loin de mon clavier et de mon écran de bureau. Et ça depuis un quart de siècle. Je visualisais mieux les problèmes quand je n’avais pas le nez sur l’écran. Décantation productive. Recul et réflexion. Solutions et actions.

 

Bureau d’été 2016 : iPad mini 4 dans sac à dos

J’ai installé une application sur l’iPhone, Cyclemeter. J’ai pu voir très vite que je faisais plus de kilomètres que je ne me croyais capable de faire. Jamais de ma vie, je n’avais fait autant sans efforts majeurs. Il m’arrivait d’en faire plus de dix-huit, quand je ne trouvais pas le mégalithe cherché, parce que ma carte n’était pas juste, parce que le panneau n’était pas visible. Je continuais au gré de mes errances. Mais la carte du GPS de Cyclometer m’indiquait au moins où j’étais.

Dès le premier jour, m’étant un peu perdue, devant traverser une grande route (car ça circule beaucoup à Plœmeur), j’avais demandé mon chemin à un promeneur avec son chien. Il m’avait rassurée, me disant : « A Plœmeur, vous pouvez toujours trouver un chemin vers la mer. »

Je cherchais donc les chemins vers la mer. Je voulais nager le plus souvent possible. Pendant le mois de septembre, il faisait un temps extraordinaire, avec une petite brise agréable et une température idéale pour pédaler et aller nager.

Mon emploi du temps d’écriture active était réglé ainsi.

Le matin, très tôt, le petit chat posait sa patte de velours sur ma joue, comme pour me dire : « Il est temps de te lever, tu dois travailler. »

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Yoga du matin du petit chat Yuzu

Il avait raison, c’est le matin que je travaille mieux. Je prenais l’iPad, le clavier et je travaillais mes chapitres. La rédaction s’est faite assez vite.

Parfois, j’allais à la boulangerie dès l’ouverture, en bas sur la Place de l’Eglise, ce que je ne peux pas faire chez moi en pleine campagne, sauf quand je fais lever mon pâton ou ma brioche pendant la nuit et que je me lève pour faire chauffer mon four avec la plaque réfractaire pour avoir du pain frais et de la brioche chaude au petit déjeuner. Bon, c’est assez exceptionnel quand même. Là, je croisais des gens qui partaient au travail avant le le lever du jour. Chez moi, je ne croise que des chevreuils ou les chiens des voisins.

J’écrivais encore pendant la matinée, pas très longtemps, jamais plus de quatre heures. Ensuite, j’avais besoin de bouger.

Je prenais beaucoup de plaisir à faire mes courses dans le quartier, ne me contentant pas des grandes surfaces habituelles où je fais mes courses toutes les six semaines, pour ne pas avoir à sortir de chez moi.

Le dimanche, j’avais le marché autour de l’église, où je m’offrais quelques extras. J’ai réalisé quelques bons petits plats, dont j’ai congelé une partie pour le retour des enfants.

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Plage du Courégant, marée haute. En face, l’île de Groix

Je préparais mon picnic et partais en fin de matinée à la découverte de Plœmeur, de ses mégalithes et de ses plages. Après mon bain quotidien, je mangeais mon picnic sur la plage. Je rentrais ensuite tranquillement, par une autre route.

Très vite, j’ai réussi à faire une moyenne de 15 kilomètres par jour. Parfois 18 ou 19. J’étais encouragée en voyant mes performances, non pas de vitesse, mais d’endurance. Je ne suis pas une sprinteuse, mais je peux être une marathonienne.

Je suis revenue enchantée de mon séjour en Morbihan. Je n’ai pas besoin d’aller au bout du monde pour sentir battre mon cœur. Chaque rocher ici est un bout du monde exotique, tourné vers l’ailleurs et formidablement intérieur.

Je dirai dans un autre article tout ce que j’ai découvert à Plœmeur. Dans celui-ci, je veux insister sur le vélo et sur ce que sa pratique un peu plus fréquente que les années dernières m’apporte de bien-être et de réconfort.

En rentrant à Moëlan, j’ai décidé de continuer le vélo. Si j’ai pu aussi bien découvrir Plœmeur grâce à ce simple mode de locomotion, je dois pouvoir découvrir ma commune à vélo, aller dans des villages où jamais une voiture ne m’avait conduite, découvrir d’autres chemins creux. Je veux être en forme cet hiver, retrouver assez de forces physiques pour faire les travaux au jardin et le bûcheronnage du parc.

J’ai mis une autre application sur l’iPhone : Strava.

Un de mes amis Facebook, Jeffrey Levin, designer de bijoux en Californie, avait mis un jour une photo de sa baie avec son parcours à vélo vers le Golden Gate Bridge. Whaouh ! Je m’étais dit que moi-aussi j’avais une baie non loin de chez moi, pas aussi prestigieuse, certes, mais bien réelle, vivante et stimulante. Il m’a fait l’honneur de m’accepter sur Strava et depuis je mets moi aussi mes sorties à vélo, matinale ou du midi.

Ma baie à moi, elle donne d’un côté vers l’île de Groix, de l’autre vers les Glenan. Et l’horizon est immense.

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Vélo Raleigh sur sentier côtier

 

Un autre ami anglais publie ses entrainements de course à pied. Alain Miles avait publié son premier ebook sur l’iPad en même temps que moi via Smashwords dès avril 2010. Il a résolu de graves problèmes physiques en courant, il est un des meilleurs seniors du demi-marathon au Royaume-Uni. Son exemple me donne du courage pour sortir régulièrement à vélo. Un ami français parisien, Stéphane Mérand, y publie ses courses dans Paris et sa banlieue et ça me fait complètement rêver. Je n’ai pas la prétention de faire autant de kilomètres qu’eux, mais j’ai la tentation d’aller un peu plus loin dans mes propres efforts, en gardant des sorties régulières. Voir que mes plus petites courses font neuf à dix kilomètres, quand je pensais n’être pas capable de faire plus de six kilomètres me conforte dans ma démarche et me donne du courage pour continuer.

En ce dimanche 13 novembre, terrible date anniversaire, mon ami parisien a partagé une belle expérience. Un de ses amis a partagé sur Facebook une course Strava de 56 km pour tracer dans Paris le symbole de la paix.


Un bel hommage aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre 2015.

#peaceforparis


Voilà comment j’ai découvert Plœmeur à vélo et comment ça a changé ma vie. C’est une activité gratuite qui fait du bien au corps et à l’âme. Le guide Scrivener plus simple pour iPhone et iPad est le fruit de ces pérégrinations cyclistes marines.

Et vous, vous lancez-vous ce genre de défi ? Est-ce que ça vous aide dans votre créativité ? Avez-vous des secrets de forme à partager ? Je suis néophyte, j’ai tout à apprendre. Continuer à apprendre permet de bien vieillir et j’ai à cœur de bien vieillir.

À bientôt pour d’autres aventures.

Gaelle

Kerantorec, le 13 novembre 2016



Crédits

Le petit chat : Yuzu

Les applications de course : Strava et Cyclometer

Les cyclistes : Jeffrey Levin, Stéphane Mérand, Dmitry Kostiukov

Le coureur à pied anglais : Alan Miles

Le vélo : Raleigh (années 90)

Les mobiles : iPhone 5c et iPad mini 4 (Apple)

L’application d’écriture : Scrivener for iOS

Les communes : Moëlan-sur-mer (Finistère) et Plœmeur (Morbihan)

Moëlan-sur-Mer, devise en breton : deus an douar ha deus ar mor (de la terre et de la mer)

Blog auteur gaellekermen.net

Blog Kerantorec : bricolage-jardinage

© Tous droits réservés 2016 Gaelle Kermen et ACD Carpe Diem

Un chapon pour les fetes

Je ne mange plus beaucoup de viande, elle est trop chère et je la trouve souvent sans goût. Je n’ai pourtant pas envie de devenir vegan.

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Pourtant, ce Noël 2015 chez ma fille Ana, j’ai eu envie d’une belle pièce de volaille, du genre qu’on mange rarement. Nous avons choisi un chapon fermier, élevé à Janzé, en Ille-et-Vilaine en Bretagne, une pièce de 3,3 kg, à 32 euros. Une folie pour mon budget, mais je ne l’ai pas regrettée !

La veille, j’avais préparé une farce parée avec ce que j’avais sous la main, elle s’est révélée pleine de subtilités après cuisson :

– 1 échalote rose de Bretagne
– 3 champignons de Paris
– 1 kiwi
– des brisures de marrons glacés maison
– la graisse parée dans la farce
– du pain de mie complet avec un peu de lait
– du persil du jardin, ciselé

Que de la douceur, juste un peu de piment d’Espelette sur la peau pour réveiller les saveurs.

J’ai empli la bête et l’ai bien serrée dans du film alimentaire, au frais, pour que les parfums se répandent à l’intérieur.

L’après-midi du 24 décembre j’ai préparé la bête pour la cuisson.

Avant de le brider, j’ai fini de le remplir avec des marrons entiers. J’ai cousu le croupion, bien resserré les pattes, pour que rien ne s’échappe.

 

À 17 heures, pour un repas à 20 heures trente, j’ai mis le chapon à four froid à 150°, la première heure sur une grille, puis les deux dernières dans la lèche-frite.

Toutes les demi-heures, Morgan l’a retourné sur ses quatre côtés et arrosé de son jus.

La dernière heure, à 19 heures, nous avons mis autour du chapon des pommes de terre Léontine de Bretagne, rissolées au feu monté à 200° d’abord, puis redescendu à 150° la dernière demi-heure, quand on a ajouté des marrons que je venais d’éplucher, après les avoir congelés à la récolte.

La cuisson a été maintenue à 100° pendant la dernière demi-heure, tandis que nous mangions les entrées.

En tout il a fallu trois heures et demi de cuisson douce.

Un lissac-saint-émilion de 2010 a accompagné ce met royal.

Nous avons rarement mangé un plat aussi goûtu, savoureux, moelleux.

Le plus beau, c’est que les restes ont été très conséquents. Nous espérions en avoir la semaine suivante, mais à ce point-là, je ne l’aurais pas imaginé.

Ana et Morgan en ont fait plusieurs repas (et Morgan mange de très bel appétit !), j’ai mangé le blanc en sandwich avec du chutney maison, les midis où je n’avais pas le temps de cuisiner, car j’écrivais le Guide Scrivener pour Mac.

En fait je vais encore en manger ce soir, dans un gratin de courge butternut, fourrée au riz chaponné. Car avec la carcasse, j’avais fait un riz, bien sûr ! Et il restait beaucoup de viande dessus.

C’est un plat onéreux à l’achat, nous l’avons payée 32 euros, mais nous avons fait tellement de repas avec cette belle bête noble, que son prix est très bas. Nous saurons maintenant pour nos repas de famille que nous pouvons choisir un beau chapon. Nous nous souviendrons de ce beau Noël 2015 à Quimper, chez Ana.

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Espuma de cumbawa sur truite fumée par Ana © gaelle kermen 2015

En entrée, Ana avait fait un espuma de citron cumbawa pour accompagner des filets de truite fumée, servis avec un meneton-salon qui me rappelait mon premier reportage pour France-Culture près de Bourges. Un foie gras. Le chapon, sa farce douce, les pommes de terre rissolées, comme auraient aimé nos grands-mères moëlanaises, ses marrons. Un superbe plateau de fromages de chez Ingrid Leost sous la halle, j’y ai eu le plaisir de trouver de la tomme de l’abbaye de Tamié, où j’ai séjourné quand j’écrivais Aquamarine.

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Bons fromages de chez Leost sous la halle © gaelle kermen 2015

Et en dessert, un assortiment de pâtisseries de chez Legrand.

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Mini bûche de chez Legrand © gaelle kermen 2015

J’avais pris du très bon pain, au Fournil du Chapeau rouge. En plus de nos besoins, j’avais pris un gros pain de campagne. Je l’ai apporté au petit saint local à la cathédrale de Quimper, le Santig du, continuant la tradition de l’obole en pain pour les pauvres, qui perdure depuis le XVe siècle.

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Statue et pain de Santig du dans la cathédrale de Quimper © gaelle kermen 2015

J’ai vraiment aimé ce moment de partage symbolique, profond.

Passez de bonnes fêtes ! et à l’année prochaine…

Gaelle Kermen
Kerantorec, 31 décembre 2015

agence de design aestetype Toulouse

agence de design aestetype Toulouse

Agence de design aestetype Toulouse

Bureau de Création, Design et Expériences connectives

#design #toulouse #aestetype #creation #connexion

Nous nous étions rencontrés à la Novela 2010 (festival numérique du partage des savoirs). Les designers réalisaient des QRCodes qui m’avaient beaucoup impressionnée, je les avais trouvés beaux comme des tableaux, et près de Jacques et Frédéric j’avais retrouvé l’ambiance créative stimulante que j’avais connue entre 1969 et 1975 quand je travaillais avec Yves SunHill, designer (1948-2012). Frédéric m’avait fait un QRious Code pour mon roman de jeunesse Aquamarine 67.

QRious code réalisé par Frédéric Daubagna à la Novela 2010 pour Aquamarine 67, roman-vérité. © gaelle kermen 2015
QRious code réalisé par Frédéric Daubagna à la Novela 2010 pour Aquamarine 67, roman-vérité. © gaelle kermen 2015

Nous étions restés en contact par Facebook et Twitter. Ils étaient abordables, faciles à contacter. Connectés, nous sommes tous trois, rapidement pris fut le rendez-vous.

Raison de la visite

Si je me suis permis de demander à visiter l’agence aestetype de Toulouse, c’est que je veux montrer à mon petit-fils le monde du travail.

À Lorient, au port de pêche de mon enfance, nous avions rencontré un fondeur d’une fonderie créée par son grand-père après la guerre, quand j’habitais là. Le fondeur, fier de son travail, avait expliqué à Noé, qui venait d’avoir 8 ans, comment d’un gros tube d’acier qu’on voyait stocké en attente, on pouvait faire d’énormes manilles servant à tenir les câbles soutenant les grands ponts à travers le monde. Le résultat était beau comme des sculptures d’art contemporain.

À Toulouse, où nous étions ensemble, Noé et moi, pour les vacances de Pâques 2015, j’ai eu l’idée de visiter une agence de design pour lui montrer une autre façon de travailler et une autre forme d’art au quotidien. Je ne sais pas s’il a tout apprécié, mais il en gardera des images pour l’avenir. Il est toujours bon de montrer aux enfants une belle réalité. Noé a pris certaines photos illustrant cet article sur sa tablette Kindle Fire.

Plan MindMap de l'article fait sur SimpleMap pour iPad1 © gaelle kermen 2015
Plan MindMap de l’article fait sur SimpleMind+ pour iPad1 © gaelle kermen 2015

Lieu

En face de la Prairie des Filtres, entre deux ponts.

Noé au Pont Neuf en face du Pont Saint-Michel, devant la Prairie des Filtres, en chemin vers aestetype. © gaelle kermen
Noé au Pont Neuf en face du Pont Saint-Michel, devant la Prairie des Filtres, en chemin vers aestetype. © gaelle kermen

L’agence se situe entre deux ponts, le Pont Neuf et la passerelle Saint-Michel, comme un passage symbolique entre la création et la réalisation, entre le besoin de communication et la concrétisation d’un projet qui soit efficace dans la société et la vie quotidienne.

Designers

Frédéric Daubagna et Jacques Pecate sont deux designers complémentaires, qui se connaissent depuis longtemps, ils échangent les idées en permanence et se soutiennent mutuellement. Ils sont sur les mêmes longueurs d’onde. Leur mode de vie est simple, respectueux de la nature. Frédéric nous explique qu’il habite de l’autre côté de la Garonne et qu’il est chez lui en 7 minutes. Parfois ils mangent le midi sur la Prairie des Filtres, juste en face. Tous deux aiment les sorties dans les régions avoisinantes.

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Frédéric Daubagna, designer, agence aestetype. © gaelle kermen 2015
Jacques Pecate, designer, agence Aestetype © gaelle kermen 2015
Jacques Pecate, designer, et une partie de l’équipe de l’agence Aestetype © gaelle kermen 2015

 

Agence aestetype

Un stagiaire Adrien travaille sur un portable dans la première pièce. C’est lui qui nous accueille.

Je suis heureuse de voir Frédéric entier sur ses jambes et en bonne forme, alors qu’il a frôlé la mort de près dans un accident de la circulation il y a quatre ans. Formidable reconstruction.

Frédéric et Jacques m’offrent du miel d’une ruche urbaine dont ils possèdent une petite part en crowdfunding. Touchante attention que de partager le suc de la vie.

Décor

Des QRCodes géants s’affichent sur les murs de l’agence, des tableaux qui renvoient à des pages internet, quand on scanne le dessin avec un smartphone doté d’une application spécifique.

Décor de l'agence en entrant. Le sport n'est jamais loin, les raquettes de ping pong attendent sur la desserte un moment de détente. © gaelle kermen 2015
Décor de l’agence en entrant. Le sport n’est jamais loin, les raquettes de ping pong attendent sur la desserte un moment de détente. © gaelle kermen 2015

D’immenses iMacs se partagent le bureau commun à Jacques et Frédéric, installés l’un en face de l’autre, échangeant idées, projets, réalisations.

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Deux bureaux avec iMacs pour une collaboration fructueuse entre les deux designers. © gaelle kermen 2015

Une chaîne stéréo à l’ancienne (avec platine, ampli, haut-parleurs, comme à la belle époque des vinyles) trône sur un établi, bien solide, le benchwork si cher à Steve Jobs, initié très tôt au beau travail fini par son père adoptif, qui en fit le premier meuble du garage de l’Apple I. Beau symbole de création.

— L’établi, nous dit Jacques, sert à faire des prototypes, quand nous devons faire des présentations, construire des objets, faire des supports.

Méthode de travail

Les designers commencent d’abord par un croquis à la main sur de gros carnets posés devant les iMacs. Ensuite le travail se fait avec l’ordinateur sur un grand écran confortable.

Quand il faut expérimenter certaines formes, le travail peut se continuer sur l’établi. Il est important d’avoir un établi chez soi à portée de main, je suis bien d’accord !

Même si désormais pour moi tout est numérique, j’aime ce passage de l’idée tracée d’abord au crayon sur des carnets épais et nombreux, puis travaillée sur l’écran, à la réalisation d’un modèle, sur l’établi, manu militari, avant fabrication chez un artisan.

Après le départ de Frédéric à un rendez-vous, nous restons avec Jacques à échanger sur leur parcours.

Formation

Jacques Pecate est autodidacte et s’est forgé lui-même une immense culture. Il a appris son métier en faisant des stages dans des agences de communication, dans le milieu graphiste parisien des années 80. J’ai eu un aperçu de cette effervescence créative lorsque je travaillais comme assistante du designer Yves SunHill (AD Design, YSH) fin 60 et début 70. Je comprends mieux pourquoi Jacques est si réactif sur certains posts « culturels » sur Facebook, ce n’est plus si courant.

Frédéric Daubagna s’est formé au Scriptorium de Toulouse avec Bernard Arin. Il a rencontré un super calligraphe et typographe, François Boltana, qui lui a donné le goût de la belle présentation.

Le nom de l’agence est créé sur les mots d’esthétique et de typographie.

À la Novela 2010, j’avais apprécié chez Jacques et Frédéric ce bel esprit d’intuition et d’imagination, efficace, pratique, qui apporte quelque chose de plus, toujours avec le souci de l’esthétique.

Je pense alors à Steve Jobs, formé aussi à la calligraphie, les seuls cours qu’il avait suivis à l’Université de Reed, avant de laisser tomber les filières classiques pour emprunter d’autres routes lors de son voyage en Inde. Il avait trouvé là-bas l’esprit d’intuition qui l’a inspiré dans sa création des premiers Macintoshs et pour la gestion d’Apple, esprit qu’il a gardé jusqu’au bout, à l’encontre de toutes les théories économiques de l’époque.

J’ai retrouvé l’esprit d’intuition à l’agence aestetype.

Brainstorming idée d’un grand tableau blanc connecté

Comme cet hiver j’ai lu en américain sur Scribd tout ce que je trouvais sur Steve Jobs et Mark Zuckerberg, je reste dans l’esprit d’innovation.

Dans ma propre écriture, quand j’ai une idée, quand je veux faire un texte pour un article ou un chapitre d’eBook, je l’écris au vol sur mon iPad1, sur SimpleMind, une application de MindMap qui remplace pour moi le grand tableau blanc, utilisé aussi bien par Steve Jobs, quand il a repris Apple en 1996, que par Mark Zuckerberg en 2003, alors étudiant à Harvard, quand il mettait au point ses programmes de connexion entre les gens à travers le monde dont on connait le résultat.

Il me vient maintenant à l’idée qu’il manque peut-être un grand tableau blanc de brainstorming dans le décor de l’agence æstetype, dont la visite m’a souvent évoqué la créativité et le savoir-faire de Steve Jobs, entre les QR codes artistiques et l’établi où reposait la bonne vieille chaîne stéréo pour écouter les vinyles.

J’ai repéré la machine à café (j’ai la même, une Senseo rouge), mais il serait bon d’avoir en plus un coin salon confortable, genre avec un canapé et deux ou trois fauteuils, et surtout un grand tableau blanc pour noter les idées qui fusent lors d’une séance de travail créatif.

L’idéal bien sûr serait un tableau blanc connecté aux iMacs, par une application de MindMap. Ainsi il suffirait de reprendre ce qui a été écrit, comme je le fais pour créer tous mes textes désormais, en récupérant le texte dans Scrivener.

Je ne sais pas si un tableau blanc connecté à un iMac existe, mais ce serait une bonne invention pour les graphistes et les enseignants.

Voilà bien l’avantage d’être en contact avec des créatifs, c’est qu’ils nous donnent des idées et nous rendent enthousiastes. C’est ça la bonne vie !

Et ces deux designers, avec leurs visiteurs, leurs stagiaires, leurs partenaires, vont faire fuser les idées et les réaliser avec tous leurs talents pour leurs clients.

— Notre métier est vivant, dit Jacques, c’est pour ça que nous le faisons avec passion.

Je leur souhaite de garder leur enthousiasme et de marcher dans la beauté. Car tout ce qu’ils touchent est beau. Et le monde a besoin de beauté pour survivre.

Merci Jacques, merci Frédéric ! Bonne rentrée à vous !

Quelques réalisations
QR code design
Biocenys
Grotte du Mas d’Azil
Château de Foix
Aestream

Adresses
Adresse web de l’agence
Facebook
Twitter
Instagram

Adresse de l’agence : 23 rue Laganne, rez de chaussée, entre le bout des Allées Charles de Fitte et le Cours Dillon, au milieu de la Prairie des Filtres.
31300 TOULOUSE
FRANCE
Tel : +33 9 52 67 20 22

Album Flickr pro sur la visite de l’agence le 17 avril 2015 et de celle du 9 septembre 2015
Crédits photo : Noé Delmas et Gaelle Kermen

Article finalisé à Toulouse le 8 septembre 2015

***

Post Scriptum après la visite du 9 septembre 2015

Après la publication de cet article de blog, j’ai revu les designers dans l’agence, occasion de faire connaissance avec un nouveau stagiaire, Léo, de retour de Saint-Petersbourg (toujours pour moi une façon de voyager que de l’écouter me raconter sa vie là-bas), et les nouveaux venus dans l’équipe, qui a ajouté des bureaux, et aussi de reprendre des photos de Jacques Pecate, dont les portraits pris à Pâques n’étaient pas à la hauteur qu’il méritait. Bon, je dois être meilleure écriveuse que photographeuse, j’ai capté une certaine lumière et c’est ce qui m’importe.

Je fais amende honorable : les designers ne m’avaient pas attendue pour mettre un canapé dans l’agence, il était bien là, mais j’écoutais Jacques et je ne l’ai pas vu. Je l’ai donc pris en photo ainsi que l’établi et le vélo de Frédéric, un vrai vélo design, avec un beau garde-boue en métal…

Le canapé, le vélo, l'établi, dans l'agence aestetype © gaelle kermen 2015
Le canapé, le vélo, l’établi, dans l’agence aestetype © gaelle kermen 2015
L'établi et la chaine stereo pour vinyles. agence aestetype © gaelle kermen 2015
L’établi et la chaine stereo pour vinyles. agence aestetype © gaelle kermen 2015
Jacques Pecate et Frederic Daubagna au travail, agence aestetype © gaelle kermen 2015
Jacques Pecate et Frederic Daubagna au travail, agence aestetype © gaelle kermen 2015

Et pour finir la visite de l’agence, je vous laisse sur des images que nous regardions en direct sur eternal-sunset, avec un ciel étrange relayé par de nombreux internautes.

Aestream, live, agence aestetype © gaelle kermen 2015
Aestream, live, agence aestetype © gaelle kermen 2015

© Gaelle Kermen 2015

Post-Scriptum du 21 mai 2016 : Tweetwall de la Nuit du Musée 2016

L’agence aestetype a conçu le mur de tweets de la Nuit du Musée européenne 2016.
#NDM16 @NuitdesMusees @aestreamlive

Un Chantier de Terre et Paille dans le Gers

Un Chantier de Terre et Paille dans le Gers  : des cloisons en murs banchés

entrée du gite soleil levant

Lieu

Gîte le Grangé sur le chemin de Compostelle, Gers, Sud-Ouest de la France, tenu par le couple Andreas et Lilie Flemming depuis 2009.

Rendez-vous

Dernier week-end du mois d’août 2015, les samedi et dimanche 29 et 30.

Chefs de chantier

Andreas Fleming et Aurélie (Dame Lilie). Andreas nous forme et surveille notre travail de banchage. Lilie nous reçoit en sa maison et nous assiste sur le chantier.

Besoins

Il s’agit de finir les cloisons intérieures d’une petite maison traditionnelle gersoise en torchis.

Il faut monter les murs banchés, entre deux planches de coffrage, dans la cloison de séparation entre une chambre et la salle de séjour.

cloison banchée la veille
Exemple de mur banché, cloison montée la veille en briques de terre et paille entre les montants de bois des cloisons. Grangé. © gaelle kermen 2015

Matériaux

  • Argile extraite sur place au tractopelle, dans le jardin, car il faut creuser au-dessous de la surface de 35 cm, qui peut contenir des graines, des racines, des débris.
  • Paille en bottes achetées à un cultivateur voisin.
  • Eau.
  • Planches de coffrage pour les banches.
Terre et barbotine
Matériaux utilisés pour les murs banchés : terre et eau, tas d’argile locale et barbotine. Grangé. © gaelle kermen 2015

Outils

  • Poubelle pour mélanger la terre et l’eau de la barbotine.
  • Brouette ou grande baignoire pour malaxer la paille et la terre.
  • Palettes de stockage.
  • Bâches pour éviter le dessèchement de la paille préparée avec la barbotine.
  • 2 Seaux par personne, un pour la barbotine, l’autre pour la paille préparée, qui sera replongée dans la barbotine pour bien s’agglomérer dans les murs banchés.
  • Un mélangeur électrique pour faire la barbotine.
  • Une scie circulaire sur support fixe pour couper les planches de coffrage, les tasseaux intérieurs, qui assurent l’armature des cloisons entre les montants en bois et les masses en bois permettant de tasser le matériau dans les banches.
  • Une visseuse-dévisseuse pour fixer les planches et les démonter au fur et à mesure que les murs s’élèvent.
  • Des vis.
gants
Bottes de paille et gants en principe étanches. Grangé © gaelle kermen 2015

Tenue de travail

  1. Des gants solides pour éviter de se blesser avec des brins de paille, qui peuvent provoquer des micro-coupures.
  2. Des vêtements non fragiles.
  3. Bandeau pour tenir les cheveux.

Ma fille et moi avons opté pour un short et un débardeur. J’étais pied nu le matin, en ballerine l’après-midi. Les filles de la veille, Marjorie et Ana, avaient des pantalons joliment décorés le soir, elles auraient voulu les faire qu’elles n’auraient pas si bien réussi leurs dessins.

Marjorie après le chantier arbore un ensemble
Marjorie après le chantier arbore un ensemble « New Earth Style ». Grangé. © gaelle kermen 2015

Il est plus facile d’enlever la boue sur la peau que sur du tissu, surtout quand il fait chaud, avec un seau ou au jet d’eau, avant de passer à la douche. La terre est bonne pour la peau, elle n’agresse pas comme le ciment ou la chaux.

Pour les vêtements terreux, il faut bien les laisser sécher avant de les frotter au scotch brite sec ou de les brosser, avant de les laver (conseil perso). Sinon la boue s’étale et s’incruste au lieu de s’enlever.

Bandeau, débardeur, short, gants. Ici pour les finitions entre les briques montées précédemment. Grangé © gaelle kermen 2015
Ma tenue de travail : bandeau, débardeur, short, gants. Ici pour les finitions entre les briques montées précédemment. Grangé. photo Coralie le Doze © gaelle kermen 2015

Équipe

Stéphane (de Toulouse) a commencé le samedi matin, à 11 heures, avec Marjorie (de Toulouse) et Ana, les deux filles sont reparties le samedi soir. Stéphane a fait les deux jours.

Isis et Ulla (de Hambourg) ont géré l’intendance de la maison pendant que Lilie était sur le chantier.

La nièce de Andreas, débarquée la veille de Hambourg, s’est occupée des enfants du couple toute la journée du samedi et de mon petit-fils Imran en plus le dimanche.

Ma fille Coralie et moi sommes arrivées le samedi soir et avons attaqué le chantier le dimanche matin. J’ai travaillé deux séquences de deux heures.

Le midi du dimanche, Nathalie et Nicolas sont arrivés de Toulouse. Nathalie a continué mon mur. Stephane en a fini un autre.

Travaux préalables

Une ossature Bois a été construite préalablement, pour structurer les cloisons des pièces de la petite maison : une pièce à vivre avec cuisine, deux chambres, une salle d’eau.

plomberie installée dans salle d'eau

électricité installée

Les circuits électriques ont été posés. Les fils seront intégrés dans les murs banchés. Les tuyaux d’arrivée d’eau  sont organisés.

Préparations

  1. Barbotine Dans une grande poubelle, on mélange de la terre avec de l’eau jusqu’à consistance d’une pâte à crêpes très liquide. Un malaxeur à été utilisé par Andreas.
  2. Paille La paille à été préparée la veille, mélangée à la barbotine, poignée par poignée dans la brouette.

La préparation est stockée sur une palette, bâchée pour éviter le dessèchement. Il fait très chaud en cette fin de mois d’août 2015 dans le Gers.

Voir photos du chantier le dimanche matin avant le début du travail.

deux premières briques décofrées

Lilie refait quelques seaux pour finir le chantier du soir.

Lilie malaxe paille barbotine

Technique

Murs banchés : Un béton de paille et terre est monté entre deux planches de coffrage, bien pressé dans les angles autour des pièces de bois qui font l’armature de la cloison et l’encadrement de la porte, avec l’insertion des circuits électriques.

un mur banché fini la veille
Un mur banché terminé la veille. Béton de paille et terre tassé entre les montants de l’ossature bois de la cloison. Grangé © gaelle kermen 2015

Mise en œuvre de la terre et de la paille

Stephane demarre une brique basse par un coffrage fixé au serre joint pour un bon vissage de départ des deux planches de coffrage (banche) dans lequel il va insérer et tassé le mélange de terre et paille. © gaelle kermen 2015
Stéphane démarre une brique basse par un coffrage fixé au serre joint pour un bon vissage de départ des deux planches de coffrage (banche) dans lequel il va insérer et tasser le mélange de terre et paille. © gaelle kermen 2015

Notre travail consiste à remplir les espaces entre les deux planches et à bien les tasser au tasseau de bois contre les montants en bois. Andreas nous fait une démonstration et c’est parti !

Andreas montre le travail de banchage en terre et paille
Démo préalable par le sieur Andreas du Giscaro, maître du chantier terre et paille du Grangé. © gaelle kermen 2015

Voir l’album de la Technique de Paille et Terre montrée par Andreas

Finitions   L’après-midi du dimanche j’ai fait une session de finitions de deux cloisons réalisées au cours du mois de juillet.   Les briques de paille montées à la terre, se rétractent en séchant. Il peut rester entre elles des interstices préjudiciables à la bonne isolation, en particulier phonique, entre les pièces.   Mon travail consistait à remettre de la paille trempée dans la barbotine pour combler les vides, en poussant l’agglomérat au plus profond avec une spatule de vitrier et à lisser l’ensemble.   finitions mur benché

Enduit de lissage

Une couche d’enduit final sera fait à la terre pour lisser l’ensemble, les brins de paille émergeant servant de couche d’accroche.

Mes Rendements

Le matin J’ai fait une brique et demi en deux heures, en huit seaux de paille préparée et deux seaux de barbotine. J’ai trouvé ça long.

Le matériau est agréable à travailler, de plus il n’est pas toxique, ni irritant comme la chaux, mais il nécessite de la main-d’œuvre et de la patience, beaucoup de patience.

L’après-midi Pour éviter de me fatiguer et de créer des tensions dans le dos, j’ai préféré changer d’activité. J’ai fait les finitions de deux murs, jusqu’à ma hauteur. Là je voyais tout de suite le résultat de mon travail de bouchage des vides, et c’était plus gratifiant.

Mon sentiment

Un ami artisan électricien m’avait dit en voyant mes chantiers de chaux et chanvre à Kerantorec que c’était un chantier sale, un qui nécessite beaucoup plus de nettoyages de finitions de chantier qu’un chantier d’électricité ou de plomberie ou de menuiserie. Il avait raison. Le chantier de paille et terre est un chantier de patouille, genre de ce qu’on pourrait faire en maternelle, si on avait le droit de se salir et de construire des choses pour de vrai.

Avantages

La paille et la terre offrent un très beau matériau fini, on a un sentiment de naturel, de beauté, de confort. L’hygrométrie doit être parfaitement régulée, les performances thermique et phonique doivent équivaloir ceux que je connais avec la chaux et le chanvre.

C’est une technique peu coûteuse, si on a les matériaux près de chez soi. De plus tout est recyclable (sauf les vis des coffrages, mais elles serviront pour d’autres chantiers).

Mais je suis pas sûre que je le ferais chez moi, c’est trop long de voir les murs se monter, brique par brique, quasiment.

Le matériau doit être très sain dans une région où le climat est clément, ensoleillé, chaud. Dans ma Bretagne en bord de mer, je serai moins sûre de ce choix. Ou alors j’ajouterais du sable de rivière à la barbotine.

Chez moi, par contre, je me vois bien appliquer la technique de ces murs banchés pour construire des cloisons, en utilisant mes matériaux habituels de chanvre, chaux et sable, ce que je sais pouvoir mettre en œuvre moi-même dans ma bétonnière, sans tout faire à la main comme nous l’avons fait ce week-end.

Ambiance

C’est un travail à faire entre amis, entre amis solides, de bonne volonté.

Chez Andreas et Lilie, l’ambiance était excellente. Nous étions tous heureux d’être là, sans prise de tête, juste des prises en main, avec des discussions sympathiques au cours des repas, en vrais échanges locaux et européens. Le cadre est merveilleux, sur le chemin de Compostelle, dans une belle terre de Gascogne, retrouvée pour moi cinquante ans après le choc de l’été 65 (voir mon ebook Le Vent d’Avezan, dont je prépare une deuxième édition augmentée de nouveaux documents, eux aussi récemment retrouvés dans mes archives).

J’ai aimé remettre la main à la pâte avec des matériaux fondamentaux, la terre, l’eau, et leur produit, le blé, dont il reste la paille après récolte.

Une belle histoire.

Documentation

http://terrepaille.fr/avantages

petite maison en torchis au lever du soleil

Gaelle Kermen © 2015

Les etonnants voyageurs du monde d’a cote

Une visite a sa place particulière sur mon blog de voyage Hentadou : mes Étonnants Voyageurs du Monde d’à Côté.
#VoyageaPied #TroBreizh #Bretagne

Voyageurs à pied autour de la Bretagne
Voyageurs à pied autour de la Bretagne. © Gaelle Kermen 2013-15

Le 19 août 2013, lors d’un bel été, j’ai accueilli à Kerantorec deux voyageurs originaux : une maman, Padina, et son fils, Corentin, qui venait de fêter ses 7 ans. Ils voyageaient à pied autour de la Bretagne, par les chemins praticables pour leur remorque. C’était une phase de repos pour la maman et d’éternelles questions pour le petit garçon éveillé. Ils arrivaient en fin de voyage, de Brocéliande le 27 juin à Quiberon le 30 août.

Pour moi qui ai du mal à quitter mes talus, c’était un enchantement que de les recevoir, en leur offrant deux bons lits pour qu’ils puissent récupérer de leur fatigue. En fait, j’ai été impressionnée de leur bonne forme, de leur beauté, de leur joie de vivre. Ils rayonnaient, semblant avoir rencontré le merveilleux qu’ils étaient venus chercher autour de la Bretagne magique.

camp des voyageurs1
Le camp des voyageurs à l’arrivée, la tente sèche, le chariot est dételé. © Gaelle Kermen 2013-15

L’établissement du camp pour faire sécher la tente

camp des voyageurs4
Premier repas dans la prairie, Padina et Corentin (au loin un faucheur à l’ancienne) © Gaelle Kermen 2013-15

Le soir j’avais prévu un dîner préparé au feu de bois de mes pierres dolméniques. Photo de Padina Pavonica 2013.

La jardinière fait son repas sur son feu de bois entre les pierres.
Gaelle fait son feu de bois entre les pierres pour le repas du soir. © Padina Pavonica 2013-15
menhir et lune
La lune monte derrière le menhir de l’allée couverte de Kersegalou. © Gaelle Kermen 2013-15

Visite à l’allée couverte sous la lune montante

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Le Korrigan Corentin sous le dolmen, fidèle à la tradition des Korrigans, faire des blagues. © Gaelle Kermen 2013-15
dolmen-mere-et-lutin
Maman et lutin près de l’allée couverte au soleil couchant. © Gaelle Kermen 2013-15

Le lendemain matin, je les ai emmenés à la source, puis au cercle des pierres que les Druides avaient créé  pour la Cérémonie du Gorsedd Digor 1985. Les druides sont partis, les pierres sont restées.

Passage du gué à la source, Corentin et Gaelle par Padina Pavonica © 2013-15
Passage du gué à la source, Corentin et Gaelle par Padina Pavonica © 2013-15
lion au cercle de pierre
Corentin dans le bois lors de la visite au cercle de pierres. © Gaelle Kermen 2013-15
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Corentin recrée un petit monde en Playmobil dans le coin des enfants. © Gaelle Kermen 2013-15
Derniers-moments-avant-depart
Derniers moments avant le départ, Corentin se repose, Padina a harnaché le chariot et va s’atteler aux brancards. © Gaelle Kermen 2013-15

Je suis admirative des efforts que fait Padina. Elle est très bien organisée, tout est prévu, calibré, géré. Mais je trouve qu’elle se charge beaucoup. Elle a notamment un gros cahier pour noter ses impressions de voyage, que je  lui souhaite de pouvoir remplacer par un iPad Cellular pour un prochain voyage.

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Dernière pose devant la chaumière avant le départ par un ciel sans nuage. © Gaelle Kermen 2013-15
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C’est parti ! Vers le Pouldu en traversant par les champs au fond du Merrien et en passant par l’épicerie des 4 vents avant Doëlan. © Gaelle Kermen 2013-15
oubli des batons
Les bâtons sont restés contre le mur de la chaumière. Panneau du Petit Bonhomme derrière la vitre d’Ana le Doze-Samson © Gaelle Kermen 2013-15

On the road again.
Après leur départ je retrouve les bâtons de marche qu’ils ont oubliés, près du Petit Bonhomme derrière la vitre de ma fille Ana. Le voyage tirait à sa fin.

Le voyage continuait pour les Étonnants Voyageurs du Monde d’à côté. Je pouvais reprendre ma vie d’ermite.

Le lien vers le blog que Padina a tenu pendant leur parcours de plus de deux mois. L’étonnante histoire du monde d’à côté
À la page 2 elle y parle de leur passage à Kerantorec.

Après le voyage, Padina a rédigé le livre. Voici comment elle y raconte son passage à Kerantorec:

« 19-20 septembre 2013 Kerantorec

Il y a cette ancienne maison, celle de ses ancêtres, dont l’isolation porte l’empreinte de Kerdavid, qu’elle redresse et embellit elle-même.

Je me demande, mon bloc-notes sur les genoux, si je saurai raconter. Gaelle, qui est écrivain, me dit :
« Ne t’inquiète pas. Ça viendra. Ce qui doit être transmis le sera. Et puis certaines choses ne le seront pas. Ça viendra tout seul. »
Elle s’en va dormir. Elle dort l’après-midi. Et travaille une bonne partie de la nuit.

« L’été 2010, j’ai retrouvé, sous un escalier, derrière des tableaux et des caisses de revues, mes premières archives, dont un texte de 141 feuillets, arrachés à un classeur ayant échappé au tri sévère effectué autrefois dans mes papiers. Ce texte commence la série des publications de 50 ans d’écriture en cahiers de 1960 à 2010. »
(Au loin un phare, Gaëlle Kermen)

Gaëlle n’a pas de voiture et fait ses courses à vélo. Elle fait son pain. Elle écrit tout en numérique, elle lit tout en numérique. Elle vit sur un territoire où les pierres répondent aux étoiles, où jaillit une source, où les murets sont vieux de trois mille ans, où les cerfs sont des monarques.
Elle vit entourée des tableaux de son amoureux, Yves Samson, dessinateur, peintre et jardinier. Il peignait des rêves, des humeurs, des atmosphères, des traversées, des jaillissements ou des contemplations. Des âmes ou des univers.

Autrefois, de 1976 à 1986, sa maison était une crêperie. La crêperie à la ferme. Des artistes venaient s’y restaurer. Un jour, un grand druide qui aimait les crêpes lui a demandé s’il était possible que des rassemblements puissent avoir lieu dans la clairière au cœur de sa forêt. Elle a d’abord accepté puis des divergences humaines et spirituelles l’ont amenée à mettre tout ce petit monde hors de ses terres.
Nous sommes arrivés à la fameuse clairière. Il y a de grosses pierres, disposées en cercle selon la position des astres dans le ciel. Il y en a douze, chacune correspondant à un signe du zodiaque, une autre au centre. »
© Padina Pavonica 2015

Padina sait communiquer entre le ciel et la mer, les étoiles et les brins d’herbe. Son livre est en recherche d’un éditeur traditionnel. Que les vents lui soient favorables !

L’album sur ma galerie Flickr des étonnants voyageurs du monde d’à côté.

© gaelle kermen 2015

Visite de l’atelier-boutique laContrie a Paris

Visite de l’atelier-boutique laContrie a Paris

laContrie maroquinerie haut de gamme sur mesure par Edwina de Charette de la Contrie

(Extrait du Journal de Voyage, Paris, septembre 2013, de Gaelle Kermen)

Vendredi 20 septembre 2013 7:44 rue Félix Faure, XVe

J’ai visité hier matin la jolie boutique-atelier de laContrie, au numéro 11 rue de la Sourdière, non loin du Palais Royal et des Tuileries, juste à côté de l’église Saint Roch.

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La rue de la Sourdière, non loin du Palais royal, à gauche de l’église Saint-Roch. Au numéro 11, laContrie

Edwina m’a ouvert la porte avec son beau sourire, dans son tablier de maroquinier. Élégante dans sa fonction artisane, le haut en tweed discret, le pantalon bien coupé, de belles chaussures confortables, un maquillage plus que discret, l’iPhone à la main, Edwina reste la belle fille simple et naturelle que j’ai toujours connue.

Edwina de Charette de la Contrie en tablier de maroquinerie avec iPhone
Edwina de Charette de la Contrie en tablier de maroquinerie avec iPhone

Edwina m’a fait les honneurs de sa boutique. En vitrine, un sac vert tendre dans les tons de la devanture de la boutique en face : Vertumne. Le ton est donné, dès l’entrée on sait que tout sera harmonieux et élégant.

Un sac laContrie vert en harmonie avec la vitrine voisine de Vertumne
Un sac laContrie vert en harmonie avec la vitrine voisine de Vertumne

Dans la boutique un escalier digne d’un musée Guggenheim descend dans le bureau d’Edwina et les ateliers.

L'extraordinaire escalier de la boutique-atelier laContrie
L’extraordinaire escalier de la boutique-atelier laContrie

Seul l’escalier est impressionnant, car ensuite tout est à échelle humaine.
On est d’abord saisi par la bonne odeur du cuir. Puis par l’harmonie des lieux.

Les maroquiniers travaillent avec leurs beaux outils, leurs belles matières, leur magnifique savoir-faire.

L'atelier de laContrie avec le maroquinier Jérémy.
L’atelier de laContrie avec le maroquinier Jérémy.

Portrait d'Edwina de Charette de la Contrie en tablier de maroquinier
Portrait d’Edwina de Charette de la Contrie en tablier de maroquinier dans l’atelier

Les modèles des sacs sont exposés dans des vitrines sobres, discrètement éclairés.

Vitrine des sacs et accessoires laContrie
Vitrine des sacs et accessoires laContrie
Sur les murs de la boutique en chevron, les sacs et accessoires de laContrie
Sur les murs de la boutique, du parquet en chevron met en valeur les sacs et accessoires de laContrie

Rien ici de tape à l’œil. Tout est beau et raffiné dans ce que crée Edwina, aussi bien dans le cadre que dans les objets exposés. Tous les détails sont pensés, étudiés, réalisés. Elle va au bout de ses analyses et de ses rêves, les met en forme et ce qui en sort donne une impression de pérennité rassurante et sécurisante.

Ici c’est la vraie classe, celle qu’on se fait offrir, celle qu’on s’offre à soi, celle qu’on pourra transmettre.

Mission réussie, bravo Edwina !

Ça c’est Paris !

Autoportrait dans la vitrine de laContrie au sac vert et au manteau jaune
Autoportrait dans la vitrine de laContrie au sac vert et au manteau jaune

Et en visite dans ma campagne, l’été 2015, un sac Rohan, porté façon plus roots par sa créatrice.

Sac Rohan en visite à Kerantorec 13 juillet 2015 © gaelle kermen 2015
Sac Rohan en visite à Kerantorec 13 juillet 2015 © gaelle kermen 2015

Album Flickr : Visite de laContrie

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Edwina de Charette de la Contrie http://www.lacontrie.com/

Sur rendez-vous : laContrie
11 rue de la Sourdière, Paris 1er
métro : Tuileries

11h-19h du mardi au samedi
33 01 49 27 06 44

L’atelier-boutique est fermé les trois dernières semaines du mois d’août.

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© Gaelle Kermen 2013-15

Petits moments musicaux dans la ville

Dimanche à Toulouse, le 16 décembre 2012, rue de la Colombette, quartier Saint-Aubin

Ce matin j’ai sacrifié au rituel du petit blanc en terrasse de café sous les platanes, près de la Cathédrale Saint-Aubin où j’ai rejoint le père et le fils I….

Puis, ayant bu le vin de messe, je suis montée à la cathédrale Saint-Aubin. J’entendais de la musique en entrant. Mais c’était l’heure de la fermeture et la musique s’est arrêtée.

Alors que je photographiais la chapelle de Sainte-Elisabeth et celle de Sainte-Germaine de Pibrac, j’ai rencontré un monsieur souriant à qui je demandai si l’église fermait. Il me dit :
– Oui, je viens de jouer de la flûte de Pan.
– Oh ! C’était vous qui jouiez ?
Oui, répondit-il et, heureux de partager ce moment unique, il m’a sorti deux flûtes, dont une que je reconnaissais car mes parents avaient rapporté de Roumanie dans les années 60 une flûte et un disque de Gheorghe Zamfir. Il m’a confirmé que c’était bien une flûte roumaine.


Et il m’a joué l’hiver de Vivaldi. Comme ça. Juste pour moi. Parce que le jour était clair, la lumière jouait à travers les vitraux, le lieu offrait son acoustique, le moment se privilégiait entre nous.
J’ai applaudi à la fin du thème. Encouragé, il a joué un morceau plus séculier, la musique du film Ghost m-a-t-il dit, que j’ignorais. Alors j’ai sorti mon mini appareil photo de ma poche pour conserver cet instant de partage, je lui ai demandé par signes si je pouvais le photographier, il a hoché la tête et j’ai pris quelques clichés en me reculant pour le replacer dans la travée gauche en face de la chapelle de Sainte-Germaine de Pibrac, dans l’amplitude du bâtiment construit par les compagnons d’autrefois.


L’église fermait. Je lui ai demandé son nom et si je pouvais parler de lui dans un blog. Il m’a remerciée pour mes encouragements. Il avait eu le temps de me dire qu’il avait joué à Carcassonne sur une rampe en hauteur. J’ai dit :
– Comme à la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse ?
– Oui, j’y ai joué aussi et c’était un de mes rêves !
Magnifique moment ! Magie du voyage qui permet ces rencontres hors du temps.


Dehors, déguisés en Pères Noël, un petit musicien noir et son papa jouaient sur des instruments africains. Une sonorité qui me rappelait les tambours du Bronx, mâtinée d’une douceur moyenâgeuse par l’instrument à cordes du papa. Les époques se bousculaient sous mes yeux sur la place. J’imaginais, en me faufilant à travers les gens, la place au fil des siècles, lors des fêtes populaires.

J’ai fait le tour de l’église érigée comme une forteresse défensive et je suis rentrée tranquillement vers la rue de la Colombette.


En rentrant j’ai publié sur Facebook un statut sur le moment priviégié de la flûte de Pan puis les photos de l’album Saint-Aubin dimanche matin.

https://www.facebook.com/gaellekermen
Bien sûr je reste une incurable ravie de la crêche, mais comment ne me sentirais-je pas honorée quand on me fait cadeau d’un moment si précieux, unique.
Dans mon ermitage breton, la musique est celle de la Radio Classica Toscana sur la tablette maintenant et dehors celle des oiseaux, de la buse qui me donne l’heure à midi solaire quand il fait chaud, du merle qui annonce le printemps, des étourneaux qui parfois s’installent le soir dans les grands frènes ou des goélands qui accompagnent les labours dans le champ voisin.
Alors ce joueur de flûte m’a donné envie de faire une place sur mon blog Hentadou sur les musiques rencontrées au cours de mes voyages, depuis que je peux, une ou deux fois dans l’année quitter mon ermitage et fureter dans quelques villes, le nez en l’air et le pied léger, toujours prête à dégainer mon appareil photo ou ma vidéo.
Je pense à la violoniste qui jouait le Concerto de Max Bruch sous les arcades du Louvre à la sortie de la Cour carrée en janvier 2010. J’avais filmé la cour mais n’avais pas osé filmer la jeune fille.

De Moments musicaux en ville

Je pense au joueur d’harmonium de la cathédrale de Nantes qui m’accompagnait chaque fois que je rendais visite au tombeau de François II et de Marguerite de Foix, les parents d’Anne de Bretagne, à la tombée de la nuit, comme l’avait fait Stendhal pendant son séjour nantais.

De Moments musicaux en ville

Je pensais à la répétition d’un morceau de Mozart d’une soprano et de l’organiste que j’avais surprise à la Dalbade l’an dernier avant Noël.

De Moments musicaux en ville

Ou encore ce matin, quand Rémy Albano me racontait son bonheur de venir jouer après la messe du dimanche à Saint-Aubin, je me souvenais de ces chanteurs arméniens surpris à la cathédrale La Mayor de Marseille, en bas du quartier du Panier, où nous séjournions en fin d’année 2009, ils donnaient un concert le soir dans l’église au bout du Vieux Port et ils n’avaient pas pu résister, en visitant la Mayor, au bonheur de lancer leur chant vers le ciel d’une chapelle rayonnante derrière le chœur.
Oui, la musique est langage universel.
Ce 16 décembre c’est l’anniversaire de Beethoven. Une amie facebook, Ingrid Belmann, violoncelliste de l’orchestre d’Indianapolis, Indiana, USA, vient de poster une vidéo où Léonard Bernstein parle de la musique de Ludwig si essentielle au monde. Beautiful Lenny, que j’eus le bonheur de voir diriger de son piano Paris à la fac de droit d’Assas en 1970, nous transmet le message simple de la musique de Bethoven tous les hommes peuvent être frères et libres, message que nous pouvons tous comprendre dans le monde entier.
http://www.youtube.com/watch?v=U14iJzdPtWI&feature=share
Ce matin à Saint-Aubin, j’y ai cru et j’en souris encore, portée par cette belle énergie.
Merci aux bâtisseurs de cathédrales. Merci aux musiciens qui lancent leur chant comme l’alouette dans le ciel d’été. Merci pour ces belles rencontres, magie des voyages, propulsion dans un autre espace-temps, immatériel et spirituel, fait de travail et discipline, valeurs humaines.
Merci à Remy Albano d’être devenu un ange musicien en ce temps de Noël 2012.

© gaelle kermen 2012

Chevaux pour la police municipale de Toulouse

Cavalière de la police municipale de Toulouse
Cavalière de la police montée municipale de Toulouse

Ce matin, 20 décembre 2011, 11 heures du matin, au Grand Rond, j’ai assisté avec mon petit-fils à la présentation de la nouvelle brigade municipale à cheval. Deux beaux chevaux espagnols étaient présents, pour deux cavaliers et une cavalière. En tout la brigade aura cinq chevaux et huit cavaliers.

Ma vidéo est sur YouTube :

Depuis près de quinze mois que je lis sur mon cher Kindle essentiellement les grands textes de la littérature mondiale, je vis dans un monde où les chevaux sont un mode de déplacement permanent, que je lise les romans d’Alexandre Dumas ou maintenant ceux de sir Walter Scott, le cheval était omniprésent jusqu’à la guerre de 14, ou presque. Quand je sors de chez moi, où parfois pâturent des équidés, il est bien rare que j’en rencontre.

Aussi quand j’ai vu passer lundi soir le Twitt de Franck Menigou de la mairie de Toulouse :

franckmen Franck Ménigou  Si vous aimez les chevaux ne ratez pas la présentation de la brigade équestre de #toulouse Mardi 20 décembre11h00 au jardin du Grand Rond

j’ai décidé d’emmener mon petit-fils à la présentation de la première brigade équestre de la ville.

Approcher le cheval l’a impressionné et lui a donné tout de suite le sens du respect. On ne fait pas n’importe quoi en présence d’un grand animal et nous devons réapprendre les bons comportements.

Enfant et cheval de la brigade équestre
Noé près du cheval de la brigade, impression et respect

La brigade équestre voit bien plus loin que la policière en gyropode, piétonne à roulettes électriques qui peut se faufiler sur les trottoirs à 10 km/h et même entrer dans les supermarchés, la vue du haut d’un cheval englobe un vaste horizon. Le cheval peut passer dans des endroits où un véhicule à moteur n’irait pas.

Les articles du jour écrivent que le crottin sera récupéré par les cavaliers de la brigade, pour montrer l’exemple aux propriétaires canins, mais la gyropodiste m’a dit qu’un filet serait accroché sous la queue, que les chevaux seraient détendus avant de partir en tournée et que, comme les chiens (elle est une ancienne maître-chien), les chevaux se retiennent pendant le travail.

Des études sociologiques montrent que la proximité des arbres diminue la délinquance. Je veux croire que celle des chevaux soit aussi efficace.

Une nouvelle image de la surveillance et de la sécurité vient d’être donnée par la ville de Toulouse et j’aime ça, moi qui ne cesse de m’extasier sur la beauté de la ville. J’ai été séduite par l’harmonie de l’alliance cavalier-monture, avec l’image mythologique du Centaure dans la tête. A Toulouse coexiste toujours l’enracinement dans le terreau du passé avec la vision de l’avenir.
Noël 2011
Gaelle Kermen
En savoir plus sur les détails techniques, voir LibéToulouse
© gaelle Kermen 2011

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Verrieres residences artiste

Promenades au musée de Pont-Aven et réflexions sur le projet du nouveau musée, qui conserve la façade actuelle de l’hôtel de ville, la salle Julia de l’ancien restaurant de l’annexe de l’hôtel,  mais supprime les ateliers d’artistes,  aux belles verrières, conçus par Julia Guillou à la fin du XIXe siècle.

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Le musée de Pont-Aven présente une exposition de 130 tableaux issus de son fonds permanent « De Gauguin à Gromaire, la naissance d’un musée », d’octobre 2011 à septembre 2012. Ensuite le musée sera fermé au public pour re-création.  Construit en 1985, géré par Catherine Puget, premier conservateur, il est devenu trop petit et ne peut exposer que 10% de sa collection. Le projet adopté en juin 2011 est celui de l’atelier de l’île, de Brest, dont les références muséographiques sont impressionnantes. Le projet est développé sur de grands panneaux, en bas, côté fonds permanent, à la fin de l’exposition.

http://www.museepontaven.fr/

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Présentation du projet de re-création du musée de Pont-Aven

J’ai assisté le 17 juin 2011 à la présentation aux Amis du Musée du projet par Isabelle Biseau, maire de Pont-Aven et Estelle Guille des Buttes-Fresneau, conservateur, requise  en 2006 pour le travail scientifique et culturel de la re-création du musée.
futur Musee de Pont-Aven facade inchangee
J’adore les entendre toutes deux lors des vernissages, car elles mettent une grande passion à défendre le patrimoine local laissé par les nombreux amoureux de Pont-Aven depuis la première moitié du XIXe siècle.

Pourtant, ce soir-là, je ne pouvais pas me laisser aller à l’enthousiasme qu’elles manifestaient. Je pensais : quelque chose ne va pas.

La distribution du futur musée me paraissait excellente, avec les réserves dans l’actuel musée perpendiculaire aux annexes de l’hôtel Julia, avec le rez-de-chaussée d’accueil et sa documentation accessible à tous, plus un coin pédagogique pour les écoles, un étage réservé au fonds permanent, un autre étage aux expositions temporaires.

Mais le plus bel étage devait être réservé à l’administration. Non, là mon cerveau n’adhérait plus. La partie moderne me paraissait juste destinée aux ascenseurs et axes de circulation, coûteux en énergies.

Ce qui me gênait : la perte de deux salles et un foyer et en plus la perte des Verrières, les ateliers, les résidences d’artistes, dont je suivais les vernissages comme celui de Franco Livier un an plus tôt.
http://www.flickr.com/photos/gaelle_kermen/sets/72157624105396635/

Perte de deux salles et un foyer

Actuellement nous allons suivre des conférences ou des assemblées générales dans l’auditorium du musée, ou dans la salle Gauguin,  qui va devenir le hall d’accueil du nouveau musée, ce qui est très bien, et dans la salle Julia, qui doit rester intacte dans le cahier des charges, mais sera adaptée pour être une salle aussi bien de conférences que de musique de chambre.

J’espère que les piliers de la salle ne gêneront pas la vue. J’avoue que j’avais espéré une salle de conférence plus moderne, avec gradins, car actuellement il est difficile de regarder les projections de tableaux dans un confort normal.

Dans le projet du musée, l’auditorium deviendra salle du conseil et des mariages de la nouvelle mairie, qui s’installera dans la maison Rouquier déjà achetée et dans la partie la plus récente du musée actuel autour du patio

On ne sait pas encore où iront les associations qui se réunissaient dans le bâtiment des Meunières, démoli dans le projet pour y créer des espaces de circulation.

Mais le débat doit se faire avec la population à ce sujet avant les travaux,  c’est pourquoi je publie ici les notes prises dans mon journal de vie après cette présentation.

Perte des verrières

Dans le nouveau musée, les verrières sont préservées sur la façade des deux bâtiments de l’annexe de l’hôtel Julia, bâtiments construits en deux fois, en 1886 et en 1900 par Julia Guillou, directrice, puis propriétaire, qui avait dévolu quatre ateliers aux artistes.

Je demandai à Madame Biseau ce qu’allaient devenir les Verrières, dont je voyais une photo sur l’invitation qu’elle venait de me remettre pour le vernissage de l’exposition du lendemain au musée de l’artiste allemande Julie Meyer : « Fenêtre sur champ ». Elle me répondit : « Maintenant elles vont être appropriées par l’équipe du conservateur ».

Exposition « Fenêtre sur champ »

Le lendemain de la présentation, j’assistais au vernissage de « Fenêtre sur champ », où les enfants de l’école de Scaër s’appropriaient avec bonheur les vues projetées sur le mur noir de la salle de documentation de l’actuel musée. Manifestement l’expérience de travail en photo et vidéo avec Julie Meyer les avait conquis.
Julie Meyer profil au Canon

En sortant du musée, j’ai voulu voir comment se situait l’escalier et l’espace de chaque niveau d’étage de l’actuel Hôtel de Ville installé dans les deux annexes de l’hôtel Julia.
Verrieres façade actuelle de l'hotel de ville

Les Verrières – ateliers – résidences, merveilleux espaces

Au dernier étage accessible, celui des Verrières, Ann Stouvenel était dans son petit bureau, près du labo photo servant aux artistes en résidence. Elle a ouvert la porte des ateliers d’artiste. J’ai pris des photos. La vue est sublime.

des Verrieres l'atelier d'Ernest
Je voyais de haut l’Atelier d’Ernest, (Ernest Correlleau, fils d’un notaire connu de Gauguin), j’avais assisté là au dernier vernissage de Pierre-Eugène Clairin, mort le 7 juillet 1980 en rentrant chez lui, souvenir émouvant toujours. Je voyais la belle place de plus haut que ce que nous en voyons lors des buffets de la salle Julia. Je voyais l’église de Pont-Aven, nichée dans ses toits divers toujours harmonieux. Je voyais au loin de belles maisons aux tours solides.

Je suis sortie de là en me disant qu’il n’était pas possible de priver les artistes en devenir d’un si bel espace qui leur était dédié dès le départ et de l’attribuer de façon restrictive au conservateur et à son équipe. Non pas qu’ils ne le méritent pas, je suis trop admirative de leurs compétences et de leur travail pour me permettre de les juger. Mais l’appropriation dont me parlait le maire ne peut pas être dévolue à leur seul usage.

Cet espace appartient aux artistes par la volonté de Julia. Si la salle Julia a été préservée dans le cahier des charges du nouveau musée, comme la façade de l’immeuble, pourquoi les verrières ne l’ont-elles pas été ?

Au moins les deux Verrières visibles de la rue.

Les artistes en résidence peuvent être logés en ville et avoir à disposition ce beau volume à la lumière stable, ouvert sur un décor exceptionnel. Les ateliers d’artistes devraient être intégrés à la vie du nouveau musée. Ce serait aussi respecter la volonté de Julia elle-même. Dans un pays comme la Bretagne, il est important de respecter la volonté des morts.

D’autres possibilités sous les combles

A l’étage des Verrières, l’escalier continuait, barré par une corde et une table à tréteaux couverte de documents d’art sur les réalisations des artistes en résidence. Le plan d’incendie du bâtiment notait un étage sous les combles, semblant aussi hautes de plafond que chaque étage, présentant de très beaux et vastes volumes.

En sortant, j’ai pris en photo la façade. On ne voit pas de fenêtre dans le toit au-dessus des Verrières, mais sur le bâtiment à côté on voit bien cinq fenêtres en chien-assis signifiant une habitabilité.

hôtel de vlle de Pont-Aven façade du futur musée

Lors de la présentation de la re-création du musée rien n’a été dit de l’utilisation de ce dernier étage. Depuis, je suis retournée deux fois au musée où le projet est présenté sur de grands tableaux, rien n’est noté à ce sujet.

Propositions

Pourquoi ne pas réserver cet espace à l’administration ?

L’équipe est-elle si nombreuse qu’elle ait besoin d’un étage entier sur deux bâtiments, soit près du quart de la nouvelle surface du musée ?

De même dans le projet, une pièce est réservée au photocopieur, outil qui dans cinq ans sera aussi obsolète que le fax ou le télex. La documentation va se décorporer,  leur transmission se virtualiser, les habitudes de travail évoluer, il faut voir plus loin.

Le bâtiment est constitué de deux maisons réunies au début du XXe, il serait possible de fermer la partie des Verrières avec des portes coupe-feu, pour garder l’autre partie, côté hôtel des Ajoncs d’Or, ex-Hôtel Gloanec, pour l’administration, qui pourrait se faire sur les deux derniers niveaux.

Un musée et des résidences d’artistes

Non, décidément, même avec du recul, je ne peux pas imaginer des bureaux dans l’espace des deux Verrières côté rue, j’y vois toujours un lieu de travail vivant, actuel, enraciné dans le passé, ouvert sur l’avenir, où le public pourrait accéder certains moments de l’année.

Les Verrières peuvent être un cœur qui bat dans le nouveau musée.

Un bon artiste est-il un artiste mort ?

Ce n’est pas ce que pensait la bonne hôtesse, Julia Guillou en créant ces magnifiques ateliers il y a plus d’un siècle. Certes, elle n’était pas conceptrice d’un musée, mais sa démarche a été admirable et elle doit être valorisée dans l’histoire du musée.

Serons-nous moins modernes que cette femme qui a œuvré à la reconnaissance internationale de la petite cité de Pont-Aven ?

IL FAUT SAUVER LES VERRIERES DE PONT-AVEN.

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Citation d’Isabelle Biseau in : « Come as you are », plaquette réalisée par « Les Moyens du Bord » de l’exposition « Autour de la baie », d’artistes en résidence aux Verrières en été 2011

L’histoire de la ville de Pont-Aven est marquée par l’accueil d’artistes de tous horizons. Depuis 1986, les Verrières-résidences-ateliers de Pont-Aven perpétuent cette tradition en invitant des plasticiens, critiques d’art, graphistes, théoriciens et en soutenant tout projet ayant un lien avec l’art contemporain. En continuant à occuper d’anciens ateliers de peintres, conçus à la fin du XIXe siècle, la communauté s’engage à proposer une aide adaptée aux besoins des auteurs, participe au développement et à la diffusion de l’art contemporain et œuvre pour la création d’échanges entre professionnels de l’art et habitants.
Isabelle Biseau, maire de Pont-Aven.
enfant devant la photo de Julie Meyer prise du phare d'Eckmühl

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Pour aller plus loin, quelques liens sur Flickr:
Album verrières
Expo Fenêtre sur champ Julie Meyer
Classeur Musee de Pont-Aven
et
Site des Verrières-résidences-ateliers de Pont-Aven
Copyright Gaelle Kermen 2011 Hentadou

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